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5 installations en métal qui ponctuent le chemin reliant la place du village à la cité scolaire

YZO explique...

 

Depuis plusieurs décennies, la multiplication et l'aggravation des atteintes à l'environnement ont amené l'humanité à s'interroger. Je vous invite à plonger au cœur de la question de l'empreinte que nous, humains, imprimons sur notre monde. Pas avec des chiffres comme les spécialistes, ni des démonstrations comme les militants, mais avec des métaphores sculpturales qui nous amènent à interroger nos consciences. J’ai utilisé une empreinte digitale (fictive) comme symbole de l’empreinte collective. Elle sert de base aux multiples interventions sur le chemin qui sont cependant toutes différentes, tant dans leur forme que dans le message qu’elles transposent. Le cheminement d’une sculpture à l’autre, puis à la suivante, est une invitation à la réflexion sur l’empreinte que laisse chacun d’entre nous : volontaire ou accidentelle, fortuite, inconsciente, matérielle ou affective, indiciaire, discrète ou profonde, éphémère ou durable, permanente, visible ou invisible...

 

Commençons le parcours depuis la place du village.

Nous rencontrons d’abord ce qui a l’air d’être un banc plus qu’une sculpture. Une tôle de métal pliée dont la hauteur et la longueur permettent en effet de s’asseoir à plusieurs. En regardant mieux, on remarque que la tôle est perforée, découpée de lignes qui forment le dessin d’une empreinte digitale. En tant que parallélépipède exact, forme géométrique pure, ce banc représente la création humaine en opposition avec les formes organiques du vivant naturel. Ce banc symbolise ainsi l’impact sur la Terre de l’entreprise humaine et de ses constructions. A la fois objet de confort et élément artificiel dans l’environnement, il porte en lui toute l’équivoque et la complexité de la réflexion sur le sujet… comme l’industrie de l’homme, souvent utile et néfaste à la fois.

 

Reprenons notre chemin. Nous passons un pont de bois au-dessus du ruisseau. Sur le talus du chemin qui suit, accrochés aux blocs de pierre qui servent de soutènement, votre regard est attiré par des morceaux de toutes tailles, de tôles rouillées, déformées, recroquevillées comme des copeaux. Chacun porte en lui des traces de l’empreinte digitale, déformée et racornie. Une empreinte résiduelle, invasive et néfaste. Faite d’éléments éparpillés dans la pente rocheuse, l’installation est la représentation des quantités phénoménales de déchets dont l’humain couvre la planète jusque dans les océans. Car toutes les activités humaines produisent des déchets, qu’elles soient industrielles, artisanales ou domestiques. La question de leur gestion est primordiale pour les collectivités, mais elle passe aussi et avant tout par chacun d’entre nous.

 

Plus loin, des escaliers. Sur leur parcours, la présence de l’empreinte se fait plus évidente, on la voit d’en bas. Cette fois encore, elle n’est pas intacte. Sur fond d’empreinte découpée dans de la tôle comme dans les sculptures déjà rencontrées, se détache une empreinte en volume, qui, elle, représente l’auteur de l’empreinte découpée, l’Homme lui-même, du moins la civilisation. En s’approchant, on s’aperçoit que l’empreinte et celle qui l’a provoquée sont toutes deux en partie déformées, comme arrachées par le vent, désagrégées par le feu, ravinées par l’eau… C’est que, malgré ses ambitions sans cesse grandissantes, l’homme et l’industrie humaine toute puissante, peuvent être mis en difficulté voire anéantis en certains contextes. Ses prédateurs : la catastrophe naturelle (« quand la nature reprend ses droits »), mais aussi l'Homme qui est son propre prédateur.

 

En arrivant à l’entrée de la cité scolaire par l’accès haut, c’est une sculpture dressée comme un totem qui vous accueille. Un haut tube de métal perforé de l’empreinte digitale emblématique est érigé sur un socle de pierre, tel un emblème. C’est parce qu’au sein de la cité scolaire, c’est l’avenir qui se prépare. Ici des enfants vont peu à peu apprendre à devenir des adolescents puis des adultes dont l’empreinte aura aussi son importance. Le totem fait référence au passé, et se veut protecteur, porte-bonheur. Ici son sens fondateur, celui par lequel il se veut relier entre eux les membres de la cité scolaire, c’est la conscience que tout ce que l’humain fait, chacune de ses actions, de ses décisions, a un impact sur lui-même et ce qui l’entoure. Une empreinte plus ou moins profonde, plus ou moins durable. A travers l'empreinte découpée dans le totem, c'est une vision du monde que l'on observe. Dans certaines sociétés à travers le monde, le totem est sacré. On doit s’élever à ses exigences, comme modèle. Sans aller jusqu’au mysticisme, celui-ci nous invite à garder nos consciences éveillées à propos de notre place dans ce monde.

 

Une autre installation est à découvrir sur le mur de la cour du collège. Une multitude de petites empreintes s’inscrit en nuée sur la partie du mur élevée en garde-corps. Découpées dans le métal, certaines sont fixées sur le mur, d’autres s’en détachent comme un envol de papillons. Des empreintes peintes au pochoir (à venir dans les prochaines semaines) dans des tons de terre ocre nous parlent aussi de l’histoire de l’humanité. D’autres, directes, aux couleurs plus vives, sont celles des enfants de l’école et nous parlent alors du futur. A travers les autres sculptures du parcours, l’empreinte était considérée dans son acceptation collective, l’empreinte de l’humanité. Ici, on revient au singulier, mais un singulier pluriel. Les empreintes sont multiples et innombrables, parce que l’humanité est faite d’individus avec chacun sa trajectoire unique. Et les formes qu’elles prennent sont variables : légères ou profondes, positives ou négatives, éphémères ou permanentes, plus ou moins visibles… parfois multipliées, comme quand la lumière du soleil duplique leurs ombres alentour.

 

 

La toute dernière installation est visible à l’intérieur du bâtiment, dans l’atrium du niveau 0. Sur les murs latéraux de la cage d’escalier sont affichés des travaux réalisés par chacun des élèves, des plus petits aux plus grands, sur le même thème de l’Empreinte.

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